Chapitre IV

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Me voilà reparti, en route vers la rivière. Ce besoin de m’ébrouer me rendrait presque dingue. Mais pourquoi maintenant et aujourd’hui ? Ce n’est pourtant pas la première fois que je me retrouve aussi crasseux. Ma réaction est très épidermique. Depuis mon réveil je ne voulais analyser cette pensée blafarde qui heurtait ma boîte crânienne.

La solitude, cette solitude, celle qui vous renvoie systématiquement à vous-même m’a permis de développer une faculté d’analyse assez impressionnante. Ma nature n’aura jamais été aussi animale. J’en arriverais presque à m’auto congratuler ! Quel prétentieux je peux faire ! Heureusement que mes deux compères ne m’entendent pas, ils se seraient fait un malin plaisir de me rappeler ce que je ne pouvais qu’être sur cette île…pas grand-chose…

Et cette pensée qui tourne et retourne dans mon esprit. Je n’ai jamais cherché à fuir d’Isabella car j’ai toujours su que cela me serait impossible. Et je reste persuadé que je ne suis pas là par hasard. Rien n’est jamais vraiment laissé au hasard. Ai-je une mission à accomplir ? Je réalise que je suis entrain de triturer ce morceau de tissu entre mes doigts…Un bout d’étoffe qui m’accompagne depuis toujours. Je sais que j’y suis attaché mais je ne sais plus pourquoi. Je sais que j’ai besoin de l’avoir à même ma peau pour me sentir en sécurité. Le soir je m’en fais un attrape rêve et le jour une sorte de grigri qui conjure le sort.

L’odeur de boue s’est infiltrée dans les pores de ma peau, manquait plus que ça ! Je presse le pas, il me faut de l’eau et vite.

Il faut croire que les soleils se sont accordés ce matin car leurs rayons me réchauffent aussi bien venant de l’Est que de l’Ouest. Je réalise alors que je n’ai exploré et encore sur une distance plus que limitée, ces deux seuls points cardinaux de mon espace de vie. C’est peut être au Sud que je devrais me rendre ou alors au Nord. Une question qui arrive et je n’ai pas de réponse. Voilà mon tic nerveux qui me reprend. Ce mouvement épileptique qui m’oblige à faire se rencontrer dans un bruit sourd ma tête avec mon épaule droite. Il me faut toujours des réponses…sauf quand je rêve…sauf quand je rêve d’elle…

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souvenirs et bégaiement